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Les cheveux dans l'vent -- Athie

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MessageSujet: Les cheveux dans l'vent -- Athie Les cheveux dans l'vent -- Athie Icon_minitimeJeu 2 Juin - 10:45

Sven n’avait pas la moindre idée du nombre de types qui, comme lui, écartaient ces planches de bois qu’on n’utiliserait plus, pour remonter le gosier rouillé d’l’évasion et déboucher sur le toit du train après en avoir ouvert la petite gueule – légèrement chauffée par un soleil timide ce jour-là. Il ne croisait jamais grand monde. La traversée du Canada, et celle de l’Alaska par la suite, promettaient d’être tranquilles. Mieux valait cependant ne pas s’aventurer dehors une fois la nuit tombée – trop froid, vraiment trop froid, comparé à c’que les « heures claires » offraient. On disait des printemps canadiens qu’ils étaient humides à crever, mais par chance il n’avait pas tant plu qu’ça. La magie d’l’aléatoire.

Le toit du train avait séché. Sven s’y était prudemment promené avant d’poser son derrière à une trentaine de mètres de l’ouverture en tôle. Le gros pull bleu à capuche qu’il avait sur le dos et le jean épais qu’il portait lui permettaient de n’pas trop s’les geler : à peine une dizaine de degrés, devinait-il, comptez avec ça les bourrasques de la vitesse qui lui giflaient les joues. Mais il ne geignait pas, non, il était à deux doigts d’en jouir. De temps en temps, les cahots provoquaient de p’tites vagues successives parmi les wagons, et il croyait tomber, et il adorait ça – son cœur, qui d’habitude la fermait, couinait et hurlait comme un gamin sur le point d’se faire dessus.

Tout autour, la neige fondait encore. Il avait manqué la fresque improbable des forêts boréales ; désormais, la boue se répandait ça et là, quelques saletés trahissaient le passage de gros dégueulasses qui n’admettaient pas d’être les réceptacles de leurs propres ordures – ils étaient déjà bien assez lourds pour eux-mêmes, ça s’comprenait sans doute. Sven n’y fit pas trop attention. Jambes lâchement repliées, avant-bras qui pendaient mollement en travers de ses genoux, il s’intéressait au défilement du paysage que la rapidité du train découpait, lissait, comme un couteau à palette racle le surplus d’peinture sur une toile. Il avait sous les yeux un horizon particulier, qui ressemblait à un brouillon paradoxalement incisif et minutieux fait au fusain, mais qu’on n’aurait pas aspergé d’fixatif. C’était tantôt trop sombre, tantôt trop clair et on n’pouvait rien saisir. Jusqu’à c’que l’train ralentisse un peu.

Ses lacets défaits cessèrent de claquer contre ses grosses baskets noir et rouge de gosse récalcitrant.

Il allait en profiter pour retourner à l’intérieur, là où il faisait beau et chaud, là où ça gueulait et ça s’tapait dessus presque sans arrêt, juste le temps d’s’acheter une barquette de fraises. Une opération suicide. Il glissa une main à l’intérieur de sa capuche pour se masser la nuque, mais le geste ne suffit pas à lui tranquilliser le cœur ni l’esprit.

Dans un soupir de pauvre pépère malade, Sven se leva tout d’même et rejoignit le volet d’tôle. Seulement, il déduisit aux bruits qui lui parvinrent soudain que quelqu’un d’autre montait, et allait se retrouver, genre, nez-à-nez avec lui, dans quelques secondes. Il n’était pas d’humeur à faire son boulot, aujourd’hui. Contrôler, ça l’emmerdait, puis il était obligé d’se flanquer d’un bourrin pour être efficace. Alors il ouvrit le volet sans mauvaise intention, et fut surpris de découvrir la nana qu’il avait noyée sous ses baragouinages, l’autre nuit. Il avait tout d’suite senti une petite épine à l’intérieur d’elle, mais vous savez, le genre d’épine qui s’retire avec un peu d’efforts. Pas du tout un cas désespéré, quoi. Du coup, il avait essayé. Et ça avait été une thérapie pour lui aussi.

Inutile de préciser qu’il fut on-ne-peut-plus soulagé d’la voir ici – c’était toujours mieux qu’un autre. Cependant, il ne s’écarta pas pour la laisser passer, se pencha plutôt sur l’ouverture et arbora le microscopique sourire… dont il n’avait absolument pas l’habitude, en fait.

« C’est toi, remarqua-t-il pour la forme. T’es bien couverte, au moins ? On s’les gèle un peu ici. J’allais chercher des fraises – si t’en as dans les poches, ça fera l’affaire aussi. » Silence. « Ça va mieux depuis l’autre fois ? » Merde, petite gaffe. T’es juste pas censé savoir qu’elle allait mal, mon p’tit cochon. « J’veux dire : tu vas bien aujourd’hui ? »

[Voilà, j’espère que ça te conviendra ♥ Pour l’information, je mets une à deux semaines pour répondre, donc tu peux prendre ton temps ♥]
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